pourquoi notre cerveau a besoin de repos (même au travail)
Au cours de la journée de travail, il est primordial de s'accorder des temps de pause afin de se recentrer et mieux travailler.
Neurologues, psychiatres, anthropologues numériques... Le consensus est total parmi les scientifiques : pour fonctionner pleinement et sereinement, notre cerveau doit s’accorder des temps d’arrêt, même au sein de l’espace professionnel. Anatomie d’un phénomène complexe et paradoxal.
Et si l’entreprise s’intéressait au cerveau ? Les neuromythes et autres concepts approximatifs véhiculés autour du fonctionnement du cerveau sont légion. Pour certains, nous utiliserions seulement 10% de notre cerveau tandis que d’autres estiment qu’il suffit de se concentrer pour exceller à une tâche. Des présupposés bousculés par les recherches extensives, menées depuis une quinzaine d’années, qui démontrent que la compréhension du cerveau en « mode repos » est riche d’enseignement et précurseur d’approches inédites dans le monde professionnel. « Le travail a évolué depuis la taylorisation et pourtant nous travaillons de la même manière. Nous croyons encore que la productivité est uniquement liée au temps de travail passé à son poste mais à l’ère de l’économie de la connaissance, cette position est obsolète », affirme Gaetan de Lavilleon, docteur en neurosciences, co-fondateur et directeur de Cog’X. C’est en se sensibilisant au fonctionnement du cerveau et à la collision entre le physique et le cognitif que l’entreprise pourra adapter son impact sur le bien-être et la performance de ses collaborateurs.
Surcharge cérébrale et déséquilibre cognitif
Doté de milliards de neurones, cellules et synapses, le cerveau n’est pourtant pas omnipotent. Hyper-stimulé par un déluge d’informations, le centre de contrôle du corps peut alors vaciller. Le psychiatre Edward Hallowell affirme d’ailleurs que « la surcharge des circuits cérébraux est la première cause de contre-performance dans son environnement de travail » (1). Que se passe-t-il donc quand le cerveau est sur-sollicité ?« La fatigue mentale s’installe avec le temps. Inconsciemment, nous subissons une diminution des fonctionnalités attentionnelles, une concentration réduite, une prise de décision altérée avec une impulsivité augmentée et une diminution des capacités à réguler ses émotions », décrit-il. À l’inverse, lorsque l’équilibre cognitif est atteint, « il y a une meilleure adéquation entre la tâche, les informations à traiter et les ressources à sa disposition. Les fonctions cognitives fonctionnent à plein régime ».
Le repos, une autre forme d’intelligence
Pendant le sommeil ou au calme, le cerveau reste perpétuellement engagé. Un concept avancé dès 1929 par Hans Berger, inventeur de l’électroencéphalogramme. Aujourd’hui, Srini Pillay, chercheur en imagerie cérébrale et enseignant à la Harvard Medical School, estime que « le cerveau est câblé pour se concentrer et se déconcentrer » et composer ainsi « deux formes d’intelligence » (2). Puissant, ce « mode par défaut » théorisé par le neurologue Marcus Raichle consommerait même 20% du métabolisme cérébral tandis que l’effort physique requiert seulement 5% de plus (3). Et Gaetan de Lavilleon de préciser que « les temps de pause varient en fonction des individus.Toutes les tâches ne se valent pas, elles dépendent aussi de l’environnement professionnel et de l’état de l’individu ». Au repos, l’activité du réseau contribue, grâce à un processus introspectif, à résoudre des problèmes, relier des idées, recenser des hypothèses ou récupérer des souvenirs. Cet « extraordinaire déploiement moléculaire, génétique et physiologique » (4) permet au cerveau d’accroître la motivation et l’attention, libérer la créativité et augmenter les niveaux de performance.
Ressourcer le cerveau en mode « pause »
Pour se protéger de ce que Rahaf Harfoush, anthropologue numérique, appelle une « obsession de la productivité qui met en danger la santé mentale » (5), la science est parvenue à un autre consensus sur « les temps de repos qui permettent une restauration de ces facultés », explique Gaetan de Lavilleon. À commencer par la sieste qui, selon lui, représente « un véritable besoin physiologique pour 30% des Français ». Si l’errance mentale aide indirectement et paradoxalement l’esprit à résoudre des problèmes complexes, la sieste au bureau permettrait, selon le Dr Srini Pillay, « de donner au cerveau assez de temps pour remanier des idées et ainsi créer les associations nécessaires », d’aiguiser sa concentration et d’amplifier son efficacité. L’exercice physique, source de bienfaits pour le corps, a également une influence positive sur la santé cognitive.Il participe au développement de nouvelles connexions entre cellules et stimule les fonctions liées à la mémoire et à la pensée. Enfin, la science a établi que la méditation pouvait altérer la structure du cerveau. À Harvard, une étude menée par Sara Lazar a démontré qu’une pratique régulière de la pleine conscience enrichit l’apprentissage, la mémoire et diminue les niveaux de stress (6). En écho à ces éclairages scientifiques, les multiples espaces créés par Kwerk invitent justement le cerveau à s’accorder ces temps suspendus par le biais d’un environnement à la fois propice à la concentration et la déconnexion. Yoga, méditation, microsieste… Kwerk a conçu « un programme d’accompagnement mental et physique complet adapté au monde du travail », accompagné d’un design d’exception « pensé pour créer des stimuli positifs sur nos sens et nos émotions », conclut Lawrence Knights, son co-créateur.
(1)« Overloaded circuits : Why smart people underperform », Edward M. Hallowell, National Library of Medicine,2005.
(2) « Your brain can only take so much focus», Srini Pillay, Harvard Business Review,2017.
(3) « A default mode of brain function », Marcus E. Raichle, Ann Mary MacLeod, Abraham Z.Snyder, William J. Powers, Debra A. Gusnard, and Gordon L. Shulman, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 2001.
(4) « Why your brain needs more downtime », Ferris Jabr, The Scientific American, 2013.
(5) « Overbookés – Comment se libérer de la culture de la productivité », Dunod, 2021.
(6) « Mindfulness practice leads to increases in regional brain gray matter density », Britta K. Hölzel, James Carmody, Mark Vangel, Christina Congleton, Sita M. Yerramsetti, Tim Gard and Sara W. Lazar, US National Library of Medicine, 2011.